Vous avez dit boobs ?
Je voulais vous faire part de l’impact que peuvent avoir des seins au quotidien. Comme toujours il s’agit ici de mon vécu, il n’est pas universel. Les personnes avec une poitrine, vous savez déjà. Mais vous pouvez rester, bien évidemment.
Quand on n'a jamais eu de poitrine (majoritairement les hommes cis) on ne se rend pas forcément compte qu'une poitrine, c'est handicapant (pour certaines personnes, c'est même un handicap qui peut nécessité une opération pour réduire le volume mammaire). En plus, c'est plus ou moins sensible et on peut facilement se faire mal. Même avec ma petite poitrine, je m'en rends bien compte. C'est plus remarquable quand je mets une brassière avec des pads. Je fais ça pour l'esthétique et parce qu’on le veuille ou non, ça aide à avoir un cis-passing féminin. Mon corps, mon choix. Si on ne fait pas attention, de simples mouvements de la vie quotidienne peuvent aisément vous rappeler à l'ordre. Attraper quelque chose sur le côté gauche avec le bras droit, prendre appui avec les coudes sur le torse quand on veut porter un réfrigérateur, quand on veut se faufiler entre les portes de l'ascenseur qui se ferment, quand on ne fait juste pas gaffe et qu'on se cogne dans un chambranle de porte (je suis sûre que ça vous est déjà arrivé à vous aussi, hein). Et la cerise sur le gâteau (ou le téton sur le nibard) c'est quand ça vient à entrer en contact avec la zone sous l'aréole. Et oui, le THS1 fait que les glandes mammaires, ainsi que les canaux lactifères, se développent aussi chez les femmes trans2. Donc là messieurs, croyez-moi, ce n'est pas agréable du tout. Je tiens à préciser que mon THS fait que je suis quasiment en SPM 7/7j3.
Cette réflexion m'est venue en faisant la vaisselle. J'ai voulu attraper le liquide vaisselle sur la gauche avec la main droite et mon bras a tapé dans mon sein droit. Ouch ... Ce n'était pas hyper douloureux non plus, mais suffisamment pour me rappeler à l'ordre. Pour le côté limitant, je dirais que passer d'un torse sans poitrine à un torse avec une poitrine, c'est un peu comme passer des lentilles de contact aux lunettes. On s'aperçoit tout de suite qu'on est d'un coup limité. Oh, ce n'est pas grand-chose. On peut compenser, en se tournant par exemple ou en évitant de se servir de son torse comme un point d'appui, en pensant à se laisser une marge de sécurité dans la zone autour de la poitrine. Et là je ne parle pas des problèmes de dos qu'une forte poitrine peut engendrer, de l'inconfort (euphémisme) que cela peut causer dans une pratique sportive (pour info messieurs, juste descendre des escaliers à toute vitesse ou sautiller peut être très inconfortable, voire pas agréable du tout, même avec une petite poitrine). Ce n'est pas pour rien qu'une femme sur cinq délaisse le sport à cause de sa poitrine4.
Je sais qu'il existe des choses plus graves dans la vie. Le but de ce billet était de partager mon expérience d'une personne qui a vécu pendant une cinquantaine d'années sans poitrine et qui depuis trois an en a une. Aussi pour que les hommes qui voudraient que leur femme fasse une augmentation mammaire pour avoir un plus grand terrain de jeu ou pour l'exposer (spoiler, si une femme le fait, c'est pour elle, pas pour vous) réalisent que c'est aussi handicapant.
PS : je kiffe ma poitrine et je serai ravie d'en avoir un peu plus.
PPS : je sais que des femmes souffrent de ne pas/plus avoir de poitrine et qu'elles seraient bien heureuses d'avoir ces petits tracas. Je leur envoie plein de soutien.
PPPS : je pense que les hommes en surpoids doivent aussi voir de quoi je parle, au moins pour le côté pas agréable du tout quand on descend les escaliers à toute vitesse, qu'on fait de la corde à sauter, etc.
PPPPS : On ne juge pas les personnes qui font des mammoplasties, des réductions/augmentations mammaires. Leur corps, leurs raisons, leurs choix. Nous motus.
Photo de mon point de vue de mon sein gauche
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Le Traitement Hormonal de Substitution est un traitement couramment utilisé contre les symptômes de la ménopause. Ce traitement agit en remplacement des principales hormones féminines fabriquées par les ovaires, les œstrogènes et la progestérone, dont le taux se met à baisser naturellement à cause du vieillissement cellulaire. Il est également utilisé par les femmes trans pour ses effets féminisants. On parle ici de THS féminisant. Il existe aussi un THS pour les hommes trans, principalement à base de testostérone.
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Chaque être humain naît avec du tissu mammaire, qui reste simplement inactif sans œstrogènes pour le faire croître. Le développement prend généralement de 2 à 5 ans, mais peut se poursuivre pendant plus de dix ans, tout comme pour les femmes cisgenres. Il est tout à fait possible pour une femme trans d’allaiter avec le bon dosage hormonal.
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Le syndrome prémenstruel (ou SPM), c'est une série de symptômes physiques et psychiques qui démarrent entre quelques heures et plusieurs jours avant les règles, et qui disparaissent généralement peu après leur arrivée. Un des symptômes est, entre-autres, que les seins sont souvent plus douloureux/sensibles. ↩